LE SAINT-LAURENT Petite histoire du Saint-Laurent | ||
SOUS LE RÉGIME FRANÇAIS Dès leur découverte par les premiers explorateurs, le fleuve et le golfe Saint-Laurent ont imposé aux navigateurs des conditions de navigation des plus difficiles. Aujourd'hui encore, récifs, hauts-fonds, courants, marées, brume et bancs de sable, demeurent les caractéristiques principales de cette voie navigable. Les archives du régime français recèlent de nombreux récits de voyages dénonçant les périls que présente la navigation en aval de Québec. Dès 1635, le Collège des jésuites de Québec inaugure un cours d'hydrographie destiné aux pilotes canadiens. Entre 1727 et 1740, un ambitieux programme de levés hydrographiques est mis en branle par la nomination de Richard Testu de la Richardière, capitaine du port de Québec.
Les premières aides à la navigation Dans une lettre au ministre de la Marine, le gouverneur Beauharnois et son intendant Hocquart, identifient l'emplacement de deux autres endroits sur l'Île d'Orléans où des amers devraient être construit : le premier à la rivière Delphine et l'autre à la pointe St-Jean. Un document daté du 22 octobre 1759 confirme l'existence de ces balises.
SOUS LE RÉGIME ANGLAIS Le travail de Cook sera poursuivi au XIXe siècle par l'amiral Henry Wolsey Bayfield, hydrographe de la Marine royale du Canada. Entre 1827 et 1841, Bayfield effectue un relevé complet du fleuve depuis la côte ouest de Terre-Neuve jusqu'à Montréal.
Le pilotage
Les premiers phares
AU XIXe SIÈCLE Il est impossible d'établir le nombre exact de naufrages pour toute la durée du XIXe siècle. Toutefois, une compilation dressée pour la période de 1840-1849 rapporte un total de 233 accidents. L'année la plus désastreuse fut celle de 1846, alors que 47 navires furent engloutis. Une autre liste pour la période de 1856-66 fait état de la perte de 674 navires.
Trois causes La négligence des capitaines de navire fut également dénoncée par l'amiral Bayfield.
LES PHARES Charles Hambelton, un écossais d'origine fut le premier gardien de phare du Saint-Laurent. Sa nomination à l'Île Verte en 1809 établissait une longue lignée de gardiens qui ne devait s'éteindre qu'en 1988. Lors de la guerre de 1812, opposant la Grande-Bretagne aux États-Unis, la station de l'Île Verte a servi de poste d'observation à l'Amirauté Britannique dans l'éventualité d'une incursion de la flotte américaine dans ce secteur du fleuve Saint-Laurent. Ainsi, en plus de ses tâches, Hambelton devait surveiller les signaux transmis par le schooner St. Lawrence qui patrouillait au large de l'Île. Les services des gardiens de phares ont de nouveau été sollicités lors de la Seconde Guerre mondiale en 1942 alors que des sous-marins allemands ont attaqué et coulé plus d'une vingtaine de navires dans les eaux du fleuve et du golfe.
Les exigences Le gardien devait allumer et éteindre le feu du phare, veiller à ce qu'il ne fume pas, nettoyer et entretenir l'équipement optique, remonter le mécanisme de rotation, actionner le signal de brume, veiller à l'entretient général des bâtiments de la station et effectuer les travaux d'entretien mécanique.
LES SIGNAUX SONORES Selon une étude menée par le ministère de l'Environnement, l'estuaire du Saint-Laurent serait, de toutes les régions canadiennes, la région la plus touchée par la formation d'épais brouillards entre les mois de mai et septembre, soit au plus fort de la saison de navigation. La station de la pointe Sud-Ouest de l'Île d'Anticosti détiendrait le record canadien avec 66.6 jours.
QUAND LA NATURE SE DÉCHAÎNE Conçu pour résister à des vagues de 25 pieds de hauteurs, le pilier dut subir l'assaut répété de vagues atteignant 60 pieds. La violence de cette tempête fut telle que deux portes d'acier épais d'un pouce furent défoncées par les vagues. Ces portes constituaient deux des trois sorties d'urgences situées à 51 pieds de hauteur par rapport à la base du pilier. Ce point dépassait de 13 pieds le niveau des plus hautes marées jamais enregistrées dans ce secteur. La situation devÎnt tellement sérieuse que les gardiens décidèrent d'envoyer un message de détresse : " Il y a une tempête épouvantable au pilier. L'eau rentre comme une rivière par une des portes du 51. Les planchers sont inondés. Le chauffage est arrêté. Les tuyaux sont arrachés. Appelez Québec. Le pilier " shake " tellement que c'en est épeurant. Nos vies sont en danger... " Les gardiens Gagnon, Fraser et Lagacé n'oublieront jamais le 25 décembre 1966.
SOMMAIRE Pareils développements technologiques ont pratiquement éliminé toute possibilité de mauvaise évaluation de la localisation des navires dans le fleuve et le golfe Saint-Laurent. Mais l'erreur humaine est toujours possible et les instruments ne sont pas exempts de pannes. Il importe toutefois de mentionner que les accidents ou incidents se font de plus en plus rares de nos jours. Pierre Boucher N |