Le Vent et ses caprices!
                            ...le pourquoi et le comment

En navigation, le vent est déterminant. Il est créé par le déplacement des masses d'air, par les courants chauds qui montent et les courants froids qui les remplacent, et le fait qu'ils heurtent, contournent et dévalent les obstacles.

Les anciens croyaient que le vent était provoqué par l'agitation des feuilles des arbres.

force de Coriolis Le vent souffle ou l'air présente des différences de température et de pression, et se dirige toujours des hautes pressions vers les basses pressions. Si la Terre ne tournait pas, l'air se déplacerait directement (en ligne droite) des centres de haute pression (anticyclone) vers les centres de basse pression (cyclone) mais à cause de cette rotation du globe, l'air est forcé de suivre une trajectoire courbe, légèrement infléchie vers la basse pression (force de Coriolis). Dans l'hémisphère Nord, l'air circule dans le sens des aiguilles d'une montre autour des centres de haute pression et dans le sens contraire autour des centres de basse pression. Ainsi, le marin sur son bateau et face au vent aura toujours les basses pressions "B" à sa droite et légèrement vers l'arrière et les hautes pressions "H" à sa gauche et légèrement vers l'avant. Dans l'hémisphère Sud, la situation s'inverse.


Quand le vent circule en altitude, il souffle librement.
• Sur mer, la résistance que présente l'eau le fait légèrement ralentir et dévier vers la gauche de 15º à 20º.
• En atteignant la côte, cette résistance augmente et le vent virera encore vers la gauche d'un autre 15º à 20º.



Les vents sont liés au système global de circulation de l'atmosphère qui pousse l'air chaud de l'équateur vers les pôles et l'air froid en sens inverse, équilibrant ainsi les températures.

À l'équateur, l'air chaud s'élève dans la haute atmosphère puis glisse vers les pôles. Là, l'air se rafraîchit et descend pour retourner vers les zones tropicales. La terre tournant sur elle même, les vents s'incline vers la droite au Nord de l'équateur, et à gauche au Sud de l'équateur (effet de Coriolis). Ainsi les alizés retournant vers l'équateur soufflent du Nord-Est, au Nord de l'équateur, et du Sud-Est au Sud de l'équateur.

Il est une loi en météo qui veut que "le vent fait le temps..." Le marin se doit de développer des aptitudes à prévoir le temps et les conditions de la mer en associant la direction et la force du vent à d'autres signes météorologiques. Avec un peu d'expérience et en observant les branches des arbres, la fumée, la surface de l'eau, etc, il pourra évaluer facilement la force du vent.


La force du vent
L'instrument utilisé pour mesurer la vitesse du vent est l'anémomètre. Pourtant, cet instrument, si utile soit-il ne resoud pas automatiquement le problème.L'anémomètre peut indiquer la vitesse du vent à un ou deux noeuds près; mais une telle précision est illusoire si on ne peut situer cette mesure dans l'espace et dans le temps.

Vent réel - Vent Apparent Le marin doit composé avec les sautes de direction du vent et les rafales. Il doit également tenir compte que le vent sera une fois et demi plus fort en tête de mât qu'au niveau du pont.

De plus, étant donné la vitesse du bateau "VB", le vent réel "VR" sera modifié en force et en direction (vent apparent "VA"). D'une façon générale, le vent apparent sera toujours plus pointu que le vent réel, et sa vitesse sera plus ou moins grande que le vent réel selon que le bateau remonte ou s'éloigne du vent.


Notez que la force du vent augmente au carré de sa vitesse: Si la vitesse du vent double, sa force quadruple, et si sa vitesse triple, sa force augmente 9 fois. Ainsi, un vent de 20 noeuds est 4 fois plus fort qu'un vent de 10 noeuds et par le même raisonnement, un vent de 30 noeuds est 9 fois plus fort qu'un vent de 10 noeuds.

En 1805, L'amiral anglais Sir Francis Beaufort mit au point une échelle de mesure des vents en observant leurs effets sur la voilure des navires.
Attention de ne pas confondre l'échelle de Beaufort avec l'échelle d'état de la mer, qui elle indique la hauteur des vagues, même si l'aspect de la mer aide à repérer le degré convenable de l'échelle de Beaufort.

Les caprices du vent
L'air en mouvement se déplace autour des grands accidents de terrain comme les montagnes, les vallées les îles et les caps. Selon la nature du terrain, la force et la direction du vent pourront être modifiées. Certains vents ne soufflent que localement, comme le "Mistral" dans le Sud-Est de la France ou le "Chinook" en Amérique du Nord.

Effet de coin
Chaque fois que le vent se frotte à un obstacle, il bifurque à gauche et accélère. Cela est vrai pour les îles, les caps et les pointes de terre. En navigant avec le vent dans le dos, il sera avantageux alors de mettre le cap à gauche d'une île si les fonds le permettent.

Lorsque le vent souffle parallèle à une côte, il se crée à faible distance un corridor où le vent augmente ou diminue nettement, selon que navigant dos au vent, cette côte est à droite ou à gauche.

Convergence
Vent dans le dos, si la côte est à droite, à moins de 3 milles marins de la côte, l'effet de convergence fait que la force du vent est accrue de 25%. Légèrement dévié vers la gauche à cause du frottement, le vent renforce celui qui souffle sur la mer.
Lorsque au large le vent est léger, on aurait avantage à se rapprocher de la côte.

Divergence
Lorsque la côte est à gauche, l'effet contraire se produit.
Toujours vent dans le dos, si la côte est à gauche, l'effet de convergence fera que le vent diminuera en intensité de 25% le long de la côte.


Intersection
Attention aux embouchures de rivière où le vent peut déboucher sur la mer et surprendre désagréablement ceux qui longent la côte de trop près. C'est le "coup de bélier" ou "coup de canon".

Entonnoir
Plus les rives et les côtes sont prononcées et se ressèrent, plus le vent est compressé et accéléré. Sa vitesse peut même doubler parfois.
Un coup de vent dans un entonnoir prononcé bordé de falaise = risques élevés.

Barrière
Quand le vent frappe obliquement une côte escarpée, il est forcé de la suivre et accélère. L'augmentation de sa vitesse est créée par l'empilement de l'air. Plus grande est la barrière, plus fort est le vent, et plus l'effet se fait sentir à grande échelle. Très près de la côte, cet effet rend le vent très turbulent.

Roulade
Si le vent vient du haut d'une falaise, il glisse alors vers la mer en faisant au passage une roulade au pied de la falaise. À cet endroit, il souffle vers la falaise. Encore beaucoup de turbulence à cet endroit.
Plus au large, le vent rebondit sur l'eau et fait un saut d'une distance d'environ 7 à 10 fois la hauteur de la falaise. Entre l'endroit ou le vent rebondit et l'endroit ou il redescend, le vent diminuera d'intensité.

Brise de mer
La différence de densité entre l'air chaud (plus léger) et l'air froid (plus lourd) est à l'origine de certains phénomènes. La brise de mer résulte de l'action du Soleil sur la côte. Le sol se réchauffant plus vite que la mer, l'air y devient plus léger et s'élève et est remplacé par de l'air plus frais venant du large.
Au début, la brise de mer souffle perpendiculairement à la côte puis, à mesure qu'elle prend de la force, elle pivote graduellement vers la droite et finit par souffler obliquement. Elle disparaît un peu avant le coucher du Soleil.
Si la brise de mer se produit à l'embouchure d'une profonde vallée, elle est renforcée par le vent anabatique (vers le haut de la vallée).

Brise de terre
Quelques heures après le coucher du Soleil, le sol se refroidissant plus vite que la mer, l'air plus froid de la côte vient remplacer l'air chaud de la mer. C'est la brise de terre. Elle n'a pas l'ardeur de la brise de mer, et soufflera jusqu'au matin.
Par contre, si cette brise de terre se produit à l'embouchure d'une profonde vallée, renforcée par le vent katabatique (vers le bas), elle peut se transformer en violentes rafales d'air qui peuvent atteindre de 25 à 30 noeuds. Ce n'est peut être pas l'endroit pour passer une nuit paisible à l'ancre.

Effet diurne
En été, le réchauffement solaire augmente le processus de mélange vertical dans les couches inférieures de l'atmosphère (jusqu'à 1000 mètres, 3000 pieds). Ceci favorise le mouvement vertical vers la surface des vents plus forts des altitudes plus élevées. Il en résulte une croissance de la vitesse du vent et souvent du vent en rafales.
Réciproquement, le refroidissement de la Terre durant la nuit réduit cette action verticale et augmente l'effet de refroidissement ayant pour résultat une diminution de la vitesse du vent pendant la nuit.

Les vagues
Pas de vent, pas de vagues... S'il ne ventait jamais, la mer serait un immense miroir. La réalité est cependant tout autre.
Le vent est le grand responsable des vagues. Selon sa direction, sa durée et sa vitesse, il forme des mers (vagues) qui peuvent devenir déchaînées.
La hauteur des vagues dépend donc de trois facteurs: la vitesse du vent, le fetch, et la durée (temps écoulé depuis que le vent a commencé à souffler de cette direction).

Fetch
Le fetch est la distance sur laquelle le vent souffle dans la même direction. Plus le fetch est grand, plus le vent est fort, et si ce vent souffle depuis déjà plusieurs heures de la même direction, plus la vague est haute. Toutefois, après plus de 12 heures, le vent n'a presque plus d'effet sur la hauteur de la vague, sinon celui de l'allonger si la distance le permet (en mer). Sur les petits plans d'eau , la vague sera nécessairement plus courte et souvent à forte cambrure.

Accumulation d'eau
Quand de forts vents soufflent sur un lac, l'eau est poussée vers le coté du lac sous le vent et s'y accumule. L'amplitude de la dénivelleation produite est fonction de la forme et de la profondeur du lac et est plus forte dans les lacs peu profonds et allongé. Le lac Érié au Canada est un bon exemple; des vents de 30 noeuds soufflant dans l'axe du lac produisent une dénivellation de 1 mètre (3 pieds).

La houle (swell) et la mer du vent
La houle, est cette longue ondulation, qui a été formée ailleurs par le vent. Elle ne comporte pas de danger sauf, dans les endroits ou elle traverse des récifs ou des haut fonds.
Si la vague est due au vent local, on parle de mer du vent. Si le vent changement de direction, la mer deviendra croisée.

Hauteur des vagues
Quand on parle de hauteur moyenne des vagues dans les bulletins météo, on se réfère à la moyenne de 33% des plus grandes vagues (une sur trois). Avec de l'expérience, on arrive généralement à une appréciation correcte (sans exagération) de la hauteur des vagues.

Vent et courant
Si le vent souffle à contre-courant (courant de rivière, de marée ou océanique), la vague prend de la hauteur (50 à 100%) et raccourcit. La mer peu devenir dangereuse en très peu de temps.

Le clapotis et le clapot
Lorsque 2 courants se rejoignent ou se rencontrent, même par une journée sans vent et une mer calme, la surface de l'eau bouillonne. C'est le clapotis. Impressionnant mais pas dangereux.

Si le vent se met de la partie et souffle contre ces courants, la situation peut devenir vite infernale. C'est le clapot, les vagues deviennent confuses et la navigation devient très inconfortable voir même dangereuse.

Avertissements, veilles et avis
Chaque fois que l'état des vents représente une menace potentielle pour la sécurité des navigateurs, des bulletins météorologiques spéciaux sont émis et diffusés sur le réseau THF/VHF de la Garde côtière canadienne et sur le réseau Radiométéo d'Environnement Canada.
• Avertissement pour les petites embarcation = vents soutenus de 20 à 33 noeuds
• Avertissement de coup de vent = vents soutenus de 34 à 47 noeuds
• Avertissement de tempête = vents soutenus supérieure à 47 noeuds
On émet également des veilles d'orages violents, des avertissements de lignes de grain, etc. lorsque le besoin se fait sentir.


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Table de conversion
vitessenoeudsmilles/heurekm/heure
20 n23 m/h37 km/h
30 n35 m/h56 km/h
40 n46 m/h74 km/h
faible1 à 14 n1 à 16 m/h1 à 26 km/h
modéré15 à 19 n17 à 22 m/h28 à 35 km/h
fort20 à 33 n23 à 38 m/h37 à 61 km/h
coup de vent34 à 47 n39 à 54 m/h63 à 87 km/h
tempête48 à 63 n55 à 73 m/h89 à 117 km/h


Bons Vents!...
Pierre Boucher