Le Vent Fort |
Lorsque le vent forci et que la vague se creuse, il faut savoir adapter la voilure aux conditions de navigation afin de maintenir l'équilibre du voilier. Nous savons maintenant que plus le vent est fort, plus les voiles doivent être plates, et plus elles doivent être ouvertes.
VENT FORT = VOILES PLATES
Deux choses à retenir au départ:
1. Il est toujours plus facile de prendre un ris et/ou d'établir un petit foc à quai plutôt qu'en route.
2. Il est toujours plus facile d'ajouter de la toile que d'en enlever.
Aplatir la grand-voile (ne pas tenter aux allures portantes)
Pour bien effectuer les réglages suivants, vous devez obligatoirement enlever la pression exercée par le vent sur le tissu de la grand-voile soit en lofant légèrement ou en choquant l'écoute.
• La première chose à faire est d'étarquer la bordure de la grand-voile à mesure que le vent forci.
• Ensuite, il faut s'assurer que la drisse de grand-voile est étarquée à bloc.
• En route, si la gîte vous semble excessive, reprenez du cunningham pour maintenir le creux de la voile à sa place (à 40 à 50%).
• Si ce n'est pas suffisant prenez le ris de fond (flattening reef) si votre bateau en est équipé. La surface de voilure sera à peine réduite mais la forme de la voile sera radicalement aplatie.
• S'il vous est possible de cintrer le mât (sur un gréement souple), faites-le.
Ouvrir le haut de la grand-voile
Examinons le croquis suivant.
Si cela ne suffit pas et si le type de gréement du bateau le permet (sur les gréements souples), étarquer le pataras provoquera le cintrage du mât ce qui aura pour effet d'applatir encore davantage la grand-voile.
Contrôler la forme du foc
• La drisse du foc doit être étarquée à bloc. Ceci est vrai pour toutes les conditions de vent. Un bord d'attaque bien rectiligne est essentiel pour bien serrer le vent et ceci dans toute les conditions de vent.
• Reculez la poulie de renvoie sur son rail pour fermer la bordure et ouvrir la chute du foc. Ceci aura pour effet d'aplatir le foc. Ici on peut même tolérer un léger fasèyement de la chute.
• Si votre bateau est équipé de deux rails, utilisez le rail le plus à l'extérieur par forte brise.
Réduire la voilure
Lorsque malgré les ajustements énumérés plus haut, le liston est toujours dans la flotte, et la gîte est toujours importante, il est temps de réduire la voilure.
Ariser représente un certain travail, c'est sans doute pour cela que beaucoup de plaisanciers retardent cette échéance. Cependant, avec un peu de pratique, tout plaisancier peut compléter une manoeuvre d'arisage en moins de deux minutes.
Souvenez-vous qu'il vous sera toujours plus facile de prendre un/des ris à quai qu'au large dans des conditions souvent difficiles. Notez qu'il existe plusieurs manières de réduire la voilure mais nous nous limiterons à la prise de ris conventionnelle, c'est-à-dire avec bosses de ris et garcettes.
Méthode conventionnelle (garcettes et oeillets)
On peut prendre un ris aussi bien aux allures portantes qu'aux allures de vent devant. Aux allures portantes, vous bénéficierez d'une stabilité accrue, d'un vent apparent réduit, et les voiles ne vous fouetteront pas le visage. Ne tentez jamais de prendre un ris par vent franc arrière, prenez une allure de grand large. Assurez-vous que l'équipage est au courant des manoeuvres à effectuer pour éviter la confusion. Vérifiez que tout soit bien en place avant de débuter la manoeuvre. Histoire de vous faire la main, vous devriez pratiquer la manoeuvre, au début au quai, puis dans différentes conditions de vent. Dans des conditions extrêmes, utilisez le moteur pour vous aider à déventer la grand-voile. Notez que si vous devez prendre deux ris, le deuxième ris devrait être pris par-dessus le premier et non les deux d'un coup.
Larguer un ou plusieurs ris ne pose pas de problème en soit. Lorsque le vent se calme et qu'il faut larguer le ris, la manoeuvre se fait en sens inverse.
Changer le foc
Amener le foc, le ranger, puis préparer et hisser l'autre, n'est pas une bonne méthode. Il est inutile d'amener le foc en place avant d'avoir préparé l'autre. La manoeuvre s'effectue normalement, au allures de près.
Voici la marche à suivre:
1. Amener le nouveau foc sur le pont avant.
2. Préparer le nouveau foc en l'endraillant sous le premier mousqueton du foc en place et en maillant son point d'amure à la ferrure d'étai.
3. Amener le foc en place, le désendrailler et transférer la drisse sur le nouveau foc.
4. Hisser le nouveau foc
5. Ranger l'ancien foc.
Foc avec ris
C'est à peu de chose près, le même système utilisé sur une grand-voile. Disposer d'une bande de ris sur un génois lourd ou un foc de route permet de réduire rapidement la surface de la voile d'avant sans devoir nécessairement changer de voile. Il est facile de faire ajouter une bande de ris à un foc de route.
Votre maître-voilier se chargera de la modification avec plaisir.
L'enrouleur de foc (génois)
Certains ne s'en passeraient pas, d'autres par contre n'en voudraient à aucun prix.
Quoiqu'il en soit, lorsque le bateau atteint une certaine taille, l'enrouleur de foc devient vite une nécessité.
Le principe est simple : le foc est monté sur un support solidaire d'un tambour. Un cordage s'enroule ou se déroule autour de ce tambour : tirez sur le cordage, et le tambour tourne, enroulant par la même occasion le génois sur lui-même. Tirez sur l'écoute du génois, et la voile se déroule.
Ce mode de réduction de voilure restreint à peine les performance si l'on a pris soin de commander une voile spécialement coupée pour l'enrouleur. Faire modifier et recouper un génois au départ, conçu pour être endraillé ne donnera cependant pas d'aussi bons résultats.
Bonne voile!
Pierre Boucher N
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