Vitesse à la voile... La préparation, clé du succès |
Préparation de la carène
Il serait inutile de consacrer autant de temps à l'état de la carène si les filets d'eau n'étaient pas de nature aussi visqueuse. En effet, la structure moléculaire des fluides se caractérise par le grand pouvoir d'attraction qu'on les molécules d'eau entre elles. De plus, les particules directement en contact avec un corps solide comme la carène d'un bateau, se fixent comme des ventouses sur sa paroi et leur vitesse d'écoulement est égale à zéro. Cette pellicule collée sur la coque va diminuer la vitesse des couches sous-jacentes. La friction entre les différentes couches d'eau, va diminuer progressivement au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la coque. Cette friction engendrant un échauffement, les filets d'eau, tout d'abord laminaires à la rencontre de la carène ou de la quille, vont tendre à devenir turbulents, et ce d'autant plus que la distance à parcourir est longue.
Si l'état de la surface est dégradé par une peinture endommagée ou par des organismes vivants comme des algues ou des coquillages, sa rugosité induira une friction plus grande. La pellicule immobile tendra alors à s'épaissir et les performances diminueront immanquablement. Ce phénomène du comportement des fluides s'écoulant au contact d'une surface solide s'appelle couche limite. L'amélioration de la qualité de l'écoulement de l'eau sur la carène et les appendices (quille et safran) est d'une grande importance lorsqu'on veut exploiter au maximum le potentiel de son bateau. Il faut donc obtenir une surface aussi lisse que possible, libre de toutes aspérités. Certains opteront pour un sablage au papier de verre à l'eau à grains très fins avec d'excellants résultats. Les zones endommagées ayant des protubérances ou des creux seront réparées à l'aide de résine époxy qui garantiront que la surface sera en bon état pour une longue période.
Portez une attention particulière à l'avant de la carène et des appendices. Une quille qui se déplace dans l'eau est comparable à une voile dans l'air. Plus l'écoulement sera laminaire, plus la quille jouera son rôle de plan anti-dérive, et plus votre bateau remontera au vent.
Le réglage du gréement dormant
Un gréement bien réglé contribue autant à la sécurité qu'à la performance. On compte trois étapes dans la mise au point du gréement: le réglage latéral, le réglage de la quête, et éventuellement, le réglage du cintrage du mât.
Assurez-vous que la totalité du mât soit rectiligne. Un profil de " canne à pêche " est le résultat d'une mauvaise tension des bas-haubans, ou d'une compression due à une trop forte tension sur l'étai et le pataras. Une tête de mât qui s'incline sous le vent a deux effets: l'aptitude à faire un bon près serré est compromise et l'angle formé par le mât et le galhauban diminuant sous l'effet du cintrage latéral, peut provoquer une rupture grave. Un gréement dont le réglage latéral est trop souple peut aussi s'avérer dangereux par vent fort.
Le réglage de la quête du mât à une influence sur l'équilibre de la barre. Il faut que l'espar ait l'inclinaison adéquate dans le plan longitudinal. Précisons qu'il s'agit de l'ensemble du mât et non seulement de sa partie supérieure. Si l'on fait basculer le mât vers l'avant, le centre de voilure avance, atténuant la tendance du bateau à être ardent. À l'inverse, une inclinaison vers l'arrière rendra le bateau plus ardent.
Le réglage du cintrage du mât, capital sur les gréements de compétition, n'est pas toujours facile à exécuter surtout sur les gréements en tête dont la raideur permet peu de subtilité. L'action du cintre du mât est un outil puissant pour aplatir la grand-voile dans la brise et affiner les réglages. Sur un gréement en tête, vous devrez disposer de ridoirs de traction sur le pataras et le bas-étai pour arriver à vos fins. Le degré de tension à appliquer dépend de la raideur du mât et de la surface de la grand-voile. En tendant le bas-étai dont le point d'ancrage est environ à mi-mât, on provoque un cintre important qui absorbera une partie du creux de la grand-voile. L'action du pataras pour sa part influence d'avantage le vrille de la grand-voile. La tête du mât en s'abaissant, provoquera une ouverture de la chute en même temps qu'un aplatissement des sections supérieures de la grand-voile.
La tension de l'étai est également un facteur déterminant dans la progression du bateau au près serré. Un étai mou creuse le génois, avance le creux et rend le bateau peu apte à serrer le vent. Au contraire un état tendu favorise la remontée au vent, réduit et recule le creux du génois. Attention aux enrouleurs qui augmentent considérablement le poids de l'étai. Ils demandent une tension accrue du pataras pour contrôler la raideur de l'étai. En l'absence de tendeur de pataras, optez pour un réglage musclé.
Les repères de réglage
Pour éviter d'interminables tâtonnements, vous devez adopter une méthode précise qui permet de déterminer les différents réglages de voile et de gréement. Des repères visuels vous permettront de retrouver le réglage voulu en temps voulu, et serviront d'outils d'analyse des formes des voiles et des écoulements d'air. Des repères gradués le long des rails de génois et à l'extrémité de la bôme, des bandes de visualisation des profils des voiles et des penons sur le guindant du génois et à l'extrémité de chacune des lattes de la grand-voile sont parmi les plus importants.
Pierre Boucher N
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